Issack Chuttoo, « Béni » pour les intimes, est devenu une célébrité dans son village de Providence, depuis le 1er novembre 2018. Il est le deuxième centenaire de sa génération.
Sur son 31, entouré de ses enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants, c’est dans la liesse qu’Issack Chuttoo a célébré son 100e anniversaire, le jeudi 1er novembre, au Providence Ashrafi Cultural Centre, Arc-en-Ciel.
Passionné de la pêche en mer, et plus connu dans son village comme « Béni » ou « Maton» , il est un bon vivant, qui aime encore manger son curry de poisson et le farata. Il garde toujours des souvenirs vivaces de sa bien-aimée. « C’était une femme dévouée qui avait un cœur d’or. Elle nous a laissé des souvenirs mémorables. Qu’Allah dans Sa miséricorde lui accorde une place au Jannat-ul-Firdaus », nous dit-il.
Pour marquer cet évènement, étaient présents le ministre de la Sécurité sociale, étienne Sinatambou, le PPS Raj Rampertaub, le président du Conseil du village Jugdish Ramguttee et le président du Senior Citizen Council, Dhanraj Ramessur. La représentante du bureau du Premier ministre, Mme Lan, a remis au centenaire un chèque et un bouquet de fleurs au nom du gouvernement.
Dada Issack Chuttoo est né le 1 novembre 1918 dans le village de Quatre-Cocos à Flacq. Il a connu une enfance difficile selon les dires d’un de ses proches. Il a perdu son père alors qu’il était encore enfant. Sa mère a dû travailler dans un champ de cannes. Fils unique, il a commencé à travailler très jeune comme laboureur et a été contraint d’arrêter ses études en Std III.
Père de 9 enfants
Il s’est marié à 24 ans à Maryam Beekhoo. Juste après, il a quitté son village natal pour s’installer à Providence avec son épouse. Celle-ci lui a donné 9 enfants, soit 5 fils et 4 filles qui sont tous encore en vie. L’aîné s’appelle Hamid puis sont nés Soormah, Farouk, Zubeida, Dawood, Fazila, Farida, Nazeer et Mohammed Reaz (Feroz). Au bout de quelques années, son épouse a commencé à travailler comme éleveuse de bétail et aussi comme laboureur sur la propriété de FUEL. Dada Issack a travailler comme chauffeur de taxi et a aussi fait la cueillette de feuilles de thé. Plus tard, il a travaillé comme chauffeur de poids lourd.
Dada Issack qui n’engage pas la conversation facilement avec les étrangers, nous a quand même adressé quelques mots. Il est croyant et pour lui rien de ce qui arrive dans le monde ne se passe sans l’ordre d’Allah. C’est Lui le Seigneur du ciel, de la terre et de l’univers, qui décide de tout. «Si mo finne vive jusqu’à sa l’âge là, c’est pas moi qui finne décide sa, c’est Allah. Et mo pas ti conner mo même qui mo pou vive jusqu’à sa l’âge-là. Alhamdoolilllah, mo bien vive mo la vie, mo pena aukène regret, car mo ti toujours vive bien avec les autres », nous dit-il. Dada Issack prend une pause pour parler avec ses enfants avant de revenir vers nous. «Dan la vie quand ou faire bon kitsoz ou récolté ce qui bon. Et mo finne enseigne à tous mo banne zenfant, petits-enfants et aussi à banne arrière-petits-enfants, respecter toujours les autres, et mo bien content qui souvent mo banne zenfants vinne guette moi. Mo fer doah pour qui Allah garde zotte bien », laisse-t-il entendre.
Trous de mémoire
C’est à l’âge de 80 ans qu’il rend son tablier pour prendre du repos sur l’insistance de ses enfants. Dada Issack habite chez son benjamin Feroz, et de sa fille Soorma et cela depuis toujours. Feroz nous a fait part que son père ne fait jamais le difficile pour manger, mais a une petite préférence pour le curry de poisson et le farata. Il n’a plus ses forces d’autrefois et il lui arrive aussi d’avoir quelques trous de mémoire mais se rattrape vite par la suite.
Un de ses camarades sur la propriété de Mon Désert Alma, Bhai Adam Sumser, 83 ans, se rappelle du bon vieux temps. «On l’appelait Béni, et pour d’autres il était Maton. Il vouait une grande passion pour la pêche. Il avait aussi cette qualité rare chez les hommes que l’on ne retrouve plus de nos jours. Il aimait plaisanter, était toujours calme, ne perdait jamais son sang-froid. Simple et modeste, il est tout simplement un homme exemplaire. Aujourd’hui, il fête ses 100 ans, c’est Allah qui en a décidé ainsi », nous dit Bhai Adam.
Dada Issack était très à cheval sur la discipline. À 18 heures, tous ses enfants devaient être à la maison, et cela a toujours été ainsi. Il n’a jamais frappé ses enfants.
Témoignage
Feroz Chuttoo, le benjamin de la famille, se répand en éloges pour son père. «Mon père a toujours vécu avec nous, et à aucun moment nous avons eu des problèmes avec lui. Il ne souffre d’aucune maladie et il est heureux quand sa famille vient lui rendre visite. On le retrouve souvent avec ses lignes des pèche. Il regarde des fois la télévision, et a une préférence pour des films en hindustani. Son acteur préféré reste Dilip Kumar et son actrice préférée Nargis », nous confie-t-il.
Sa petite-fille Sakila Soogun : « Je suis la dernière des petites-filles de mon grand-père du côté de sa fille Fazila. Je le connais comme une personne calme et je ne l’ai jamais entendu dire un gros mot. Pour moi, c’est un modèle dont ses enfants et toute la famille doivent s‘inspirer dans leur vie », nous dit-elle.