Thursday , 28 March 2024
Le screenshot de la vidéo controversée
Le screenshot de la vidéo controversée

Des imams lors du sermon du vendredi : «Ne pas céder à la provocation communale»

C’est une semaine houleuse qu’ont vécue les Mauriciens. Commentaires, discours et rassemblements à caractère communal ont failli déboucher sur des tensions à travers le pays. Les réseaux sociaux ont été pris d’assaut et les vidéos ont tapissé la Toile. Ce vendredi, dans la majorité des mosquées, lors du sermon, les chefs religieux ont appelé au calme et ont demandé aux fidèles de pas céder à la provocation.

« Ne pas céder à la provocation communale. » Tel a été l’appel lancé aux musulmans par les imams dans la plupart des mosquées, ce vendredi, à l’occasion du sermon (khutbah). En effet, la semaine écoulée a été marquée par plusieurs événements qui ont failli déstabiliser l’harmonie sociale au sein de notre pays multiculturel. En premier lieu, une vidéo d’un policier, membre d’une association religieuse, tenant des propos sectaires lors d’une cérémonie, a été vivement critiquée sur le web. Dans ladite vidéo, ce policier a déclaré qu’un musulman ne pouvait accéder au poste de Commissaire de police. Présent lors de cette cérémonie, Ravi Rutnah s’est dissocié de tout écart de langage dudit policier.

Par ailleurs, un rallye organisé à St Pierre en début de semaine, aurait pu avoir des conséquences plus graves. « Si les gens perdent leur sang-froid dans de telles situations, cela peut provoquer une bagarre raciale », disent certains imams.

Controverse autour du Yogi Adityanath

Invité d’honneur dans le cadre des célébrations du 183e anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice ce jeudi, Yogi Aadityanath, Chief Minister de l’Uttar Pradesh, est un personnage controversé en Inde. Sa venue à Maurice a d’ailleurs divisé plus d’un. Shakeel Mohamed a été le premier à s’opposer à la venue du Yogi Aadityanath à Maurice. Le député et chef de file du Parti travailliste (PTr) à l’Assemblée nationale, a adressé une lettre, le lundi 30 octobre, au Premier ministre Pravind Jugnauth, pour lui exprimer son objection.

Dans sa lettre, il énumère au moins six points pour soutenir sa prise de position. Selon lui, Yogi Aadityanath est le fondateur du Hindu Yuva Vahini qui est un groupe extrémiste en Inde et a été impliqué dans plusieurs cas de violence ethnique. Le député travailliste a aussi fait ressortir que le Chief Minister indien était impliqué dans la conversion à l’hindouisme de plus de 1800 chrétiens dans l’Uttar Pradesh. « Maurice est une nation arc-en-ciel où toutes les communautés cohabitent en harmonie. Il est dommage qu’une personne vienne déranger notre façon de vivre », avait ainsi écrit Shakeel Mohamed dans sa lettre. La direction de Ptr s’est dissociée de sa prise de position.

Par ailleurs, le MMM, par la voix de son secrétaire général, Ajay Gunness, avait réclamé l’annulation de l’invitation du Yogi Aadityanath à Maurice. « Nous connaissons tous le passé controversé de ce ministre. À Maurice, nous vivons en harmonie et en paix », devait déclarer Ajay Gunness.

Les réseaux sociaux pris d’assaut

Les commentaires fusent de toutes parts ces derniers jours quant aux événements qui se sont déroulés cette semaine. Les propos tenus à l’égard des uns et des autres laissent transparaître un sentiment d’amertume. Ainsi, sur WhatsApp, des messages sur les incidents où des temples et autres lieux de culte ont été saccagés, circulent et sont partagés sans vérification. « Ne céder pas à la provocation. Nous sommes un peuple uni et il est dommage que des gens veulent nuire à notre paix sociale. Préservons notre calme », ont déclaré certains chefs religieux lors de leur sermon. Idem sur Facebook où sur chaque ‘Post’, nous retrouvons une guerre de commentaires.

Soulignons que plusieurs associations du pays ont lancé un appel à l’unité. Ainsi, la Muslim Youth Federation a émis un communiqué, mercredi, et lance un appel pour ne pas céder « aux provocations venant des groupuscules et pyromanes qui ont l’ultime agenda de semer la division et la haine raciale. » De son côté, le Muslim Citizen Council (MCC) a également émis un communiqué pour apporter des précisions sur les événements qui ont quelque peu secoué le pays cette semaine. Le MCC dit condamner les actes qui peuvent mener à déstabiliser la paix dans notre société.

La Sunnee Jamiat-Ul-Ulama porte plainte

La Sunnee Jamiat-Ul-Ulama, qui regroupe plusieurs chefs religieux de plusieurs mosquées et autres associations du pays, a porté plainte, ce mardi aux Casernes Centrales, contre un intervenant qui a tenu des propos sectaires à l’encontre de la communauté musulmane. Accompagnés de l’homme de loi, Me Fezal Khan Boodhoo, les chefs religieux dénoncent les propos « racistes » et appellent au calme et au respect des autres communautés.

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