Friday , 29 March 2024

Hommage à ce héros souvent oublié

C’est la troisième année consécutive que le Centre Culturel Islamique en collaboration avec l’Aapravasi Ghat Trust Fund rend hommage au Dr Idrice Goumany dans le cadre de l’anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice. Un dépôt de gerbes a eu lieu sur sa tombe à Pointe-aux-Piments, jeudi dernier. Le médecin est connu pour son engagement auprès des travailleurs souffrant de la variole.  Il est 14h30. Plusieurs personnes sont assises sous la marquise dans ce coin presque paradisiaque de l’hôtel Club Med à Pointe-aux-Canonniers. Devant elles, une tombe.

Celle du Dr Idrice Goumany. Parmi ces personnes, on retrouve des membres de la famille du regretté médecin, le vice-président de la République, Barlen Vyapoory, l’ancien Président Cassam Uteem, les ministres Soodesh Callichurn et Alain Wong, le député Bashir Jahangeer, entre autres.

En ce deux novembre qui marque le 183e anniversaire de l’arrivée des travailleurs étrangers, on a voulu rendre hommage au Dr Idrice Goumany qui a donné sa vie en se rendant au chevet des malades affectés par la variole à la station de quarantaine de Pointe aux Canonniers. Les différents intervenants ont rappelé que ses grands-parents sont arrivés de l’Inde avant 1834 durant la colonisation française. Et qu’après ses études en Écosse, il a pris la décision de rentrer au pays guidé par son instinct patriotique.

“Il soignait les immigrés indiens malades et souffrant de la variole. Il travaillait ici (Club Med) où se trouvait le centre de quarantaine. Il a donné sa vie pour les autres”, explique Assad Bhuglah, membre du Centre Culturel Islamique. Il a même écrit un livre sur le Dr Idrice Goumany qui est décédé à l’âge de 30 ans. Le livre d’Assad Bhuglah est intitulé “Dr Idrice Goumany: The forgotten hero of Mauritius”. L’auteur dit espérer que le livre sur la vie du médecin qui inspire tant de personnes soit inclus dans le cursus scolaire.

Quant aux membres de la famille Goumany, ils n’ont qu’un souhait.« Aujourd’hui, on ne demande rien pour nous mais pour ceux qui veulent faire des études en médecine et qui n’en ont pas les moyens », a déclaré Naseem, un des membres de la famille du regretté médecin, qui demande aux autorités d’écouter leur  « cri du coeur ».  « À l’époque, les autorités coloniales avaient promis que la famille Goumany obtiendrait quelque chose mais rien n’a été fait jusqu’à présent. La famille a contracté des dettes à la suite d’un prêt bancaire et a perdu beaucoup lors d’une vente aux enchères. Mais aujourd’hui, on plaide la cause de ceux qui veulent étudier la médecine et ont des problèmes financiers », explique Naseem.

L’ancien Président de la République, Cassam Uteem, relate lui que 51 ans de cela il avait tenu le role du Dr Goumany dans une pièce de théâtre écrite par le regretté Isshack  Hasgarally pour faire revivre la mémoire du Dr Idrice Goumany. “On avait oublié le Dr Goumany. Nous avions même fait une requête et c’est ainsi qu’il y a un centre qui a été nommé après lui. Pour nous, c’est un devoir de mémoire. Il est important de garder vivante sa mémoire. C’est un sacrifice rarement vu dans l’histoire de Maurice”, estime Cassam Uteem.

Le vice-Président de la République, Barlen Vyapoory, a rappelé les conditions difficiles dans lesquelles travaillait le Dr Idrice Goumany pour soigner les immigrés indiens. Selon lui, il est important de se souvenir du médecin pour ce qu’il a fait. “Il s’est sacrifié, il a travaillé pour les autres. Il est un patriote, un héros”,  affirme-t-il. Barlen Vyapoory soutient de plus que bien que le Dr Idrice Goumany est décédé à l’âge de 30 ans, il a laissé un héritage. « Et cet héritage est l’amour pour les autres », souligne-t-il.

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