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Hassam Seelarbokus

Hassam Seelarbokus : à 91 ans, il exerce toujours comme notaire

Solide comme un roc, sur ses pieds  aux premières lueurs du jour, Hassam Seelarbokus, 91 ans, est le doyen de la Chambre des Notaires de l’île Maurice. Toujours lucide malgré son âge avancé, il n’a nul besoin de lunettes pour lire les actes notariés ni d’appareil auditif pour écouter les instructions du client.

Au début, nous rappelle -t-il, il rédigeait les actes notariés à  la main avec une plume à encre. Il fallait lire l’acte notarié à haute voix et s’assurer que le client, s’il était analphabète, avait tout compris. À ce jour, après 48 ans dans la profession, il croit avoir rédigé 75 000 actes notariés. Même si  les actes sont de nos jours  préparés sur ordinateur et sauvegardés sur une clé USB, les corrections sont faites sur une machine à écrire.

Rigueur et honnêteté

Hassam Seelarbokus se porte comme un charme et se rappelle tous les grands moments de sa vie. Le 15 octobre 1949, après  de brillantes études secondaires, il fait ses gammes chez le notaire Edouard Hart de Keating, le père de Redmond Hart de Keating durant 6 mois avant de passer à l’étude de René Maigrot où il restera pendant 14 ans. Durant toutes ces années d’apprentissage il ne touchait pas grand-chose comme salaire. Il avait soif de connaissances et voulait apprendre très vite pour prendre part aux examens de notaire afin de réaliser son rêve. Il aimait ce métier car pour lui c’était un privilège de rencontrer des gens de toutes les couches sociales et leur donner satisfaction. Connu pour sa rigueur, son sérieux et son honnêteté, le jeune Hassam était très respecté par les anciens car il avait l’expertise nécessaire pour intervenir dans différents domaines du droit. Hassam Seelarbokus n’a jamais été réprimandé par la Chambre des Notaires ni a-t-il été rappelé à l’ordre par un juge de la cour suprême.

Après 20 ans d’apprentissage, il prend part en 1962 aux examens de notaire. Les examens étaient extrêmement difficiles mais il s’en est sorti avec brio.  Par la suite, il a dû attendre 9 ans pour obtenir l’aval d’une commission de nomination pour exercer comme notaire. Il se souvient qu’il y avait 10 notaires sur une liste d’attente et c’est Sir Seewoosagur Ramgoolam qui a fait nommer simultanément les 10 notaires. En 1970, quand il fut nommé notaire, ce fut un jour de grande joie.

Impartialité et discrétion

Les qualités pour devenir un bon notaire, selon Hassam Seelarbokus, sont l’impartialité, la discrétion, l’honnêteté, la rigueur  et une connaissance approfondie des textes législatifs. Le doyen des notaires est désolé de constater que de nos jours beaucoup de notaires ne savent pas rédiger un acte notarié correctement.

Auparavant pour devenir notaire, il fallait attendre la recommandation de la Chambre des Notaires avant d’ouvrir un office notarial. C’était réservé pour l’élite et une certaine classe. Un notaire est considéré comme un officier public et il est chargé de l’élaboration, de l’authentification et de la conservation d’actes juridiques ayant une force juridique particulière.

Hassam Seelarbokus  explique qu’un notaire est chargé de vérifier l’identité et la capacité des signataires, de s’assurer de la réalité des renseignements essentiels contenus dans l’acte.

Secrets de sa longévité

À Maurice 55 notaires sont enregistrés et les honoraires sont déterminés par une loi qui date de 1979. Au fait, la Chambre des Notaires existe véritablement depuis 1942. Cette chambre est composée de 4 membres qui ont pour mission de s’assurer du bon déroulement de la profession notariale.

Hassam Seelarbokus nous dit qu’il n’existe aucun secret ni de potion magique pour garder la forme et avoir un cerveau qui fonctionne comme une horloge. Il se réveille très tôt pour accomplir le namaz Fajr et reste assis sur son tapis de prière et parfois sur une chaise pour demander au Créateur Sa protection et Ses bénédictions pour rester en bonne santé. «Il faut toujours demander à Allah de protéger le pays et de venir en aide aux gens qu’importe leur religion, leurs origines ou leur groupe ethnique. Dans la vie il ne faut jamais être égoïste, ni gourmand », souligne-t-il.

Hassam Seelarbokus dit accomplir tous ses namaz et ne trouve aucun problème pour jeûner pendant le ramadan. Il se souvient de son mentor, René Maigrot, qui disait tout le temps qu’un notaire ne doit pas parler avant le client. « Il faut l’écouter attentivement avant de rendre une réponse », fait-il ressortir. Hassam Seelarbokus n’est pas un notaire qui réclame des honoraires exorbitants à un client. « Ceki péna mo faire li moitié prix », assure-t-il.

Profil

Père de 9 enfants, soit 6 filles et 3 fils, le nonagénaire et grand-père de 15 petits-enfants. De ses trois fils, seul Idrice le suit à son étude depuis 25 ans Danayal est médecin et Moosa, commerçant. Son  petit frère, Yousouf travaille chez lui comme clerc durant 48 ans. Les deux frères n’ont jamais eu aucune dispute et s’aident mutuellement. Hassam Seelarbokus ne compte pas s’arrêter de sitôt et pense même établir un record mondial comme le plus âgé des notaires encore en activité. Il met ses compétences au service des familles et des entreprises.

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