Thursday , 28 March 2024
Haniff Peerun

Haniff Peerun : «Le sacrifice des travailleurs derrière le progrès de Maurice»

Haniff Peerun, le président du Mauritius Labour Congress, puise de son riche vécu dans le monde syndical pour faire une rétrospective du combat des travailleurs à Maurice depuis 1968. « Cela a été 50 ans de lutte et de sacrifices des travailleurs pour mettre l’île Maurice sur la voie du progrès », laisse-t-il entendre. 

Haniff Peerun est d’avis qu’on ne peut pas parler de 50 ans d’indépendance sans se rappeler de la contribution et des sacrifices de la classe ouvrière. Il indique que le progrès de l’île porte l’empreinte des travailleurs qui ont versé leur sang et leur sueur pour le pays. Haniff Peerun rend hommage à des centaines de travailleurs morts sur leur lieu de travail qui avaient comme mission de construire une île Maurice moderne.. Il fait ressortir que les syndicalistes ont non seulement milité pour améliorer les conditions de service et pour un meilleur salaire, mais ils ont aussi mené un long combat pour jeter les bases de la création d’un fonds pour le bien-être des travailleurs. « Les syndicats ont évolué ces dernières années en proposant de nouveaux services à leurs membres. Par exemple, le Provident Fund, la Credit Union et des prêts pour l’amélioration des logements, pour le mariage et les études à un taux d’intérêt bien faible. Tout cela a permis à des milliers de travailleurs de faire un bond fantastique dans leur vie, » souligne-t-il.

Autre progrès de la classe syndicale, indique le président du MLC, est son désengagement vis-à-vis de la classe politique. « À l’époque, le Parti Travailliste et le Mouvement Militant Mauricien avaient une mainmise sur les syndicats. Mais tel n’est plus le cas », s’enorgueillit-il.

Haniff Peerun , tout en se félicitant que dans la fonction publique le gouvernement doit consulter le syndicat avant d’apporter tout changement dans les conditions de service, se désole du faible taux de syndiqués dans le secteur privé. « Les syndicats des employés du secteur privé ont un gros effort à faire pour conscientiser les travailleurs à connaître leurs droits. C’est malheureux de constater que la couverture syndicale est limitée dans le secteur privé et que l’affiliation même à un syndicat est interdite dans certaines compagnies », dit-il.  « En comparaison, les syndicats de la fonction publique peuvent peser de tout leur poids lors des négociations avec le gouvernement. Par exemple, c’est sous la pression des syndicats, que le gouvernement a été obligé de mettre en place un mécanisme pour réajuster le salaire des fonctionnaires et leurs conditions de service. Le Pay Research Bureau et le Public Service Appeal Tribunal ont ainsi été créés, » fait-il ressortir.

Haniff Peerun trouve que de nos jours, en comparaison avec la situation 50 ans de cela, les travailleurs sont plus intelligents et connaissent leurs droits. « Sans consultation avec le syndicat, le gouvernement n’a pas le droit d’imposer ses lois. Si le gouvernement insiste, cela pourrait avoir des répercussions lors des élections générales », affirme-t-il.

Haniff Peerun déplore que des syndicats de pacotille ont vu le jour avec pour but d’affaiblir la classe syndicale et faire l’affaire du patronat. « Des pseudo-syndicalistes qui n’ont aucune formation syndicale mènent les travailleurs en bateau, » tempête-t-il. Haniff Peerun jette un regard positif sur l’évolution du mouvement syndical dans le pays depuis 1968. « Aujourd’hui les syndicats sont représentatifs de la majorité des employés et travaillent pour le bien-être de ses membres et de leurs familles », affirme-t-il.

Haniff Peerun est favorable à la création d’une fédération de la classe syndicale pour parler d’une seule voix et aider à la prospérité du pays. « 50 ans d’indépendance d’un pays, c’est symbolique », nous dit encore Haniff Peerun. « Je souhaite bonne fête d’indépendance à la classe des travailleurs et comme dirigeant syndical, je serai toujours présent comme un patriote pour faire de l’île Maurice un pays plus prospère et sans préjugés », soutient-il.

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