Friday , 29 March 2024
Hamdhoon Rashad

Hamdhoon Rashad, Project Manager de l’ABU : «Les médias à Maurice doivent s’adapter à la révolution numérique»

À Maurice cette semaine dans le cadre d’un atelier de l’Asia-Pacific Broadcasting Union (ABU) organisé par Le Défi Media Group, Hamdhoon Rashad, Project Manager de l’ABU, estime que les médias locaux ne pourront échapper à la vague de numérisation qui a déjà atteint les rives mauriciennes.

Quel était le but derrière l’organisation de l’atelier médiatique de l’ABU à Maurice ?
La tenue de l’ABU New Media Workshop à Maurice fait partie de notre stratégie régionale qui consiste principalement à organiser un atelier dans plusieurs pays à travers le monde et pas seulement dans la région de l’Asie-Pacifique. C’est la quatrième édition du New Media Workshop et nous avons voulu l’organiser à Maurice grâce au soutien du Défi Media Group et de Radio Plus. Cette année, le thème est axé sur les méthodes innovantes du « storytelling ». Le but étant de former les journalistes et autres personnes qui travaillent dans le domaine des médias à la façon de produire des contenus innovants pour leur audience que ce soit sur le web ou sur d’autres plateformes numériques.

Comment le choix s’est-il porté sur Maurice pour organiser cet atelier?
Chaque événement organisé par l’ABU est ouvert à tous nos membres à travers le monde. Nous leur demandons ainsi s’ils sont intéressés d’agir en tant que hôte. Dans le cas de Maurice, l’ABU avait, depuis une année, contacté le Défi Media Group et Radio Plus. Ils ont bienveillamment accepté de nous accueillir. Aussi, bien que l’ABU se concentre majoritairement sur les événements dans la région de l’Asie-Pacifique, nous voulons apporter une touche de diversité au sein de l’organisation en touchant un maximum de pays aux quatre coins du globe.

Êtes-vous satisfait de la manière dont s’est déroulé cet atelier à Maurice ?
Absolument. Vous savez, l’ABU a commencé à préparer la tenue de cet atelier depuis un an. L’ABU et le Défi Media Group était en constante communication durant cette période. Tous les critères et les exigences ont été respectés. D’ailleurs, je dois remercier et féliciter l’équipe du Défi Media Group qui a su organiser cet atelier de manière irréprochable. Les participants ont également fait montre de leur enthousiasme au cours des deux jours du séminaire et les journalistes étrangers ont été surpris de l’accueil qu’ils ont reçu à Maurice.

Comment cet atelier peut-il aider les entreprises médiatiques locales ?
Étant donné que l’atelier se tient à Maurice et que la majorité des participants sont des journalistes mauriciens, nous avons voulu l’adapter au contexte local. Nous savons pertinemment bien que la révolution numérique est enclenchée à Maurice et les médias doivent s’adapter afin de répondre aux besoins de leur audience qui évolue également. J’espère que les participants ont pu bénéficier de cet atelier et à leur tour aider les compagnies respectives.

Sinon, en quelques mots, c’est quoi l’ABU ?
L’ABU est le plus grand réseau de diffuseurs dans la région de l’Asie-Pacifique. Le siège se trouve à Kuala Lumpur, en Malaisie. Notre mission est d’améliorer la façon dont les entreprises médiatiques produisent et diffusent les contenus dans la région. L’ABU organise, de ce fait, plusieurs conférences, séminaires, Master classes et ateliers afin que nos membres puissent être tout le temps au diapason des dernières avancées dans le domaine numérique et médiatique. Aussi, nous organisons des ateliers à la demande de nos membres. Par exemple, Radio Plus peut nous demander de tenir un atelier spécifique et alors, nous fournissons les ressources nécessaires telles que des formateurs qualifiés et experts dans ce domaine précis.

Quels sont les prochains événements à venir ?
Bien que l’ABU soit composée d’une petite équipe de 35 personnes qui travaillent dans cinq différents départements, nous veillons à organiser plus d’une centaine d’événements chaque année. Nous nous assurons de la couverture d’un maximum de domaines tels que le sport, l’aspect technique, la télévision, la radio, entre autres. En juin de cette année, l’ABU tiendra une conférence radiophonique à Bali et une « Digital Media Conference » à Kuala Lumpur. En parallèle, nous travaillons en collaboration avec des chaînes de télévision pour des coproductions de plusieurs émissions qui seront diffusées cette année.

Comment l’ABU aide-t-elle les entreprises médiatiques dans la région de l’Asie-Pacifique ?
Au départ, la grosse majorité des diffuseurs utilisaient encore le système dit « analogue ». Depuis, nous nous efforçons à ce que tous nos membres passent au numérique. Ce faisant, nous veillons à ce qu’ils bénéficient d’un encadrement et d’un accompagnement tout au long de la transition. Par exemple, si un membre au Bangladesh ou d’un autre pays a des difficultés à s’adapter aux changements, nous sollicitons l’aide et l’expertise d’autres membres, comme le Japon par exemple, pour l’encadrer tout au long de la transition.

Qu’est-ce qui est fait pour accroître la collaboration entre les pays membres ?
Au sein de l’ABU, nous mettons, en effet, beaucoup d’accent sur la collaboration entre les membres. Ainsi, nous encourageons nos membres à faire des coproductions. Nous avons entre autres un « Documentary Production Scheme » qui permet aux membres de coproduire un film-documentaire et chacun peut l’utiliser dans son pays. Aussi, lors de chaque événement dans un pays, nous invitons les gens des pays membres à nous rejoindre afin d’accroître la collaboration.

Parlez-nous de la stratégie africaine de l’ABU.
Nous sommes actuellement dans une phase d’expansion de notre stratégie sur l’Afrique. La tenue de cet atelier à Maurice en est un exemple concret, car d’habitude, nous n’organisons pas d’événements aussi loin de la région Asie-Pacifique. C’est un grand pas vers une plus étroite collaboration entre l’ABU et les entreprises médiatiques en Afrique.

Plusieurs médias en Afrique n’ont pas les moyens technologiques. Comment leur venir en aide ?
Je pense que les médias en Afrique doivent avant tout nous faire part de leurs besoins. C’est de cette manière que nous pourrions savoir comment leur venir en aide que ce soit en termes de formation ou autre. Nous pouvons aussi organiser des ateliers customisés à leur demande dans le but de former leurs ressources humaines.

Comment est-ce que le monde médiatique a-t-il évolué au cours de deux dernières décennies ?
Il y a eu de gros changements depuis 2000. Aujourd’hui, la numérisation des médias est un must. D’ailleurs, chaque jour on découvre quelque chose de nouveau. C’est aussi un défi pour nous, car il faut toujours innover pour répondre aux besoins de notre audience. Dans les années à venir, le paysage médiatique continuera à changer et la technologie d’aujourd’hui pourrait bien devenir obsolète. Le plus important cependant c’est d’apprendre à évoluer et à s’adapter.

Bio-express

Hamdhoon Rashad a rejoint le département ‘Programme’ de l’ABU en tant que Project Manager New Media en mars 2016. Son rôle est d’identifier les dernières tendances numériques qui façonnent l’industrie médiatique et de développer des programmes sur mesure pour les membres de l’ABU afin de les aider à faire un usage judicieux des outils technologiques modernes. Originaire des Maldives, Hamdhoon Rashad a débuté sa carrière professionnelle en 2003 au sein de la station nationale de télévision maldivienne en tant que journaliste. Il a aussi travaillé pour diverses entreprises médiatiques dans différents pays dont l’Inde, la Malaisie et les États-Unis. De 2014 à 2016, il a travaillé pour le compte des Nations-Unies aux Maldives en tant que Communication Analyst. Il est titulaire d’une licence en Broadcasting and Journalism de la Malaisie.

Commentaires

A propos de Nuur-Uddin Jandanee

Ceci peut vous intéresser

Jean-Claude de l’Estrac : «Pravind Jugnauth se conduit comme un monarque de droit divin»

L’ancien Senior minister et fin observateur politique, Jean-Claude de l’Estrac décrypte objectivement les récents événements …