Friday , 29 March 2024

Deux experts évoquent l’autre facette : Les six bénéfices d’un cyclone

Les cyclones ont certes un aspect dévastateur mais aussi un côté positif. Deux experts dans le domaine de l’environnement, Dr Michael Atchia et Dr Vasantt Jogoo, nous présentent six aspects bénéfiques du cyclone. Constat…L’environnementaliste, le Dr Michael Atchia avance que les cyclones font partie de la nature, l’expression de l’excès de chaleur accumulée sur les océans pendant l’été. « Pendant les dernières 20 années, les cyclones à travers le monde ont fait presque 600 000 morts et ont détruit des milliers de terres agricoles, des habitations, des routes, des infrastructures et des arbres, selon un rapport des Nations Unies. Un des effets négatifs les plus destructeurs des cyclones : les pluies torrentielles qui les accompagnent et donc des inondations. De Carol en 1960 à ce jour, Maurice a eu sa part de cyclones destructeurs. Toutefois, il ne faut pas oublier que le cyclone a également son utilité », explique-t-il.

Cependant, il dira aussi que les cyclones ont également des effets bénéfiques. Et cela, beaucoup de gens en sont ignorants. Selon l’environnementaliste, le Dr Vasantt Jogoo, le cyclone est une manifestation naturelle de notre système. Toutefois, la majorité de la population sous-estime les effets bénéfiques des cyclones.

Remplissage des nappes d’eau souterraines

Dr Michael Atchia et Dr Vasantt Jogoo indiquent que les cyclones apportent des grosses averses qui remplissent les nappes d’eau souterraines. « L’effet bénéfique le plus important, c’est la pluie et le remplissage de nos réservoirs d’eau et des nappes phréatiques. Bien sûr le cyclone qui passe loin de nous en y apportant que des masses nuageuses est idéal pour son apport d’eau », explique Dr Atchia. Pour sa part, Dr Jogoo soutient que nous vivons dans un petit pays et nous dépendons énormément des grosses averses pour avoir de l’eau. « 70% de notre eau sont puisées de l’aquifère. Nous avons environ 400 forages à travers le pays. Que le cyclone passe à proximité de ou sur notre île, il remplit l’aquifère. D’ailleurs, les averses constituent l’aspect fondamental du cyclone », explique Dr Jogoo.

Diminuer les moustiques

Dr Atchia indique que des cyclones périodiques font parmi les animaux et plantes la sélection naturelle qui renforce les espèces. « Certains espèces nocives comme les moustiques peuvent être détruites à 80% de leur population. Cela est malheureusement vrai pour d’autres espèces comme des oiseaux, ainsi que les chauves-souris », affirme Dr Atchia.

Grand nettoyage

Selon Dr Vasantt Jogoo, le cyclone a un effet de grand nettoyage (flushing). « Normalement, beaucoup de saletés sont accumulées dans les drains, les rivières, les canaux, entre autres. Le vent fort et les averses nettoient en profondeur le pays. Après le passage du cyclone, les rivières redeviennent propres et l’herbe verte pousse à nouveau », dit-il.

Reconstruction

Il ajoute que le cyclone détruit toutes les vieilles structures, et les bâtiments qui datent des années. Donc, le cyclone oblige à reconstruire des bâtiments et de meilleure qualité, améliorant ainsi la qualité de l’habitat. « Après le cyclone Carol, le gouvernement avait lancé un programme de relogement. La démolition des structures est un bénéfice inattendu », affirme Dr Jogoo.

Nettoyage au niveau du lagon

Dr Jogoo indique qu’il y a plusieurs bénéfices au niveau du lagon. « Le cyclone recycle l’eau de mer entre la plage et le lagon. Le cyclone provoque de grosses vagues qui ramènent de l’eau de mer au fond à la surface et ainsi ramène des nutriments au lagon. Donc, plus de nutriments signifie plus de poissons au niveau du lagon », explique l’environnementaliste. Par ailleurs, il explique que le cyclone détruit les coraux morts sur le lagon et autres saletés accumulées à cet endroit. Dr Vasantt Jogoo avance que le cyclone diminue l’intense chaleur dans un pays tropical.

Impact

Dr Vasantt Jogoo fait ressortir que l’impact d’un cyclone dépend du niveau de développement dans un pays. « Le cyclone est associé à la destruction. Les développements apportent un changement à la nature et l’effet dévastateur du cyclone devient plus grand. Par exemple, en déracinant les arbres en vue d’un développement, cet endroit devient sensible à l’inondation. Plus nous développons le pays, plus il devient vulnérable. Maintenant, avec le changement climatique, le cyclone devient de plus en plus intense », précise-t-il.

Consignes de sécurité

Dr Michael Atchia estime que Maurice a fait des avancées considérables dans sa lutte contre ces catastrophes naturelles. « Les consignes de sécurité sont bien suivies, les habitations sont maintenant presque tous en béton. Elles sont résistantes aux vents. Mais des mésures de protection contre les inondation sont encore insuffisantes, en raison surtout des blocages des berges des rivières et des canaux d’évacuations d’eau », dit-il. Dr Atchia avance que le cyclone de 1892 avait détruit une grande partie de la capitale, des maisons construites principalement en bois, mais surtout en l’absence de moyens modernes de communication donc absence totale d’alerte. Pour sa part, Dr Vasantt Jogoo propose un modèle de développement durable sur le long terme. « Le modèle de développement actuel n’est pas adapté à notre environnement. Auparavant, on devait fermer les écoles quand la météo enregistrait 100 millimètres d’eau. De nos jours, il suffit d’enregistrer 50 mm de pluie pour fermer les écoles. Les structures sont tellement bétonnés qu’on ne peut empêcher une inondation », conclut-il.

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