Thursday , 25 April 2024
Ahmad Mohangee

Ahmad Mohangee : faiseur de lauréats

Ahmad Mohangee n’a jamais enseigné dans une salle de classe mais pourtant il s’est fait une réputation très honorable : celle de faiseur de lauréats.

Depuis une dizaine d’années, l’enseignant dispense des leçons particulières en anglais à des étudiants qui viennent chez lui des quatre coins de l’île. Sans fausse modestie, Ahmad Mohangee nous indique que chaque année 3 à 4 de ses élèves figurent dans la liste des lauréats. En 2016, trois de ses élèves ont décroché la timbale. En 2017, il fait encore mieux : quatre de ses étudiants sont lauréats : Zakia Noorally, Fatimah Dahoo, Haidar Tooreea et Luciano Azor.

Ahmad Mohangee laisse entendre qu’il a donné des leçons gratuitement à Luciano et cela trois mois avant les examens. Il insistait pour que Luciano reste jusqu’à fort tard pour lui prodiguer des conseils personnels et il le ramenait chez lui à Triolet en voiture. « Vous savez le rôle d’un professeur n’est pas d’être psychologue mais il doit être attentif aux signaux qu’envoie l’élève », dit-il. Il nous raconte que chaque année il se fait un devoir de donner gratuitement des leçons à une centaine d’élèves qui n’ont pas les moyens. Autre satisfaction personnelle pour lui : tous ses élèves de HSC sont classés juste derrière les lauréats.

Ahmad Mohangee affirme ne détenir ni potion magique ni recette miracle. «Un enseignant doit être à l’écoute de son élève et faire preuve de suffisamment d’empathie pour savoir quelle sera la réaction de l’élève. Un bon enseignant doit être passionné par ce qu’il fait. Il ne faut jamais mentir à un élève pour lui faire croire qu’il est le meilleur. Mais n’empêche qu’il faut encourager l’élève à donner le meilleur de lui-même », fait-il ressortir.

Ahmad Mohangee connaît bien Luciano Azor qui est arrivé chez lui en 2017. En une seule année il a donné confiance à ce garçon et lui a appris à avoir une attitude positive. « Si mo ti vinne cotte ou avant lors premier tentative même mo ti pou lauréat », lui avait confié le jeune homme.

Ahmad Mohangee nous dit qu’il avait recommandé Luciano Azor à ses amis enseignants des autres matières et tout le monde a accepté de donner des leçons gratuitement à ce garçon dont le père est maçon et la mère ‘cleaner’.

Ahmad Mohangee donne des leçons tous les jours et n’a pas d’heure pour terminer. Pour notre interlocuteur, un enseignant de qualité est celui qui sait rendre sa matière intéressante. Il donne des leçons d’anglais aux élèves de Grade 8 (anciennement Form II) jusqu’au Grade 12 (HSC) . Dans une salle dotée de projecteurs et d’un écran plat, il jongle avec les mots, les phrases, les verbes et cela sans toucher au tableau. Dans une autre salle sur des tables sont installés des manuscrits et des photocopies qu’il distribue aux élèves. « Un enseignant doit être un pédagogue. Le savoir est une matière brute qu’il faut inculquer avec méthode afin qu’il soit efficacement appliqué », explique-t-il.

Ahmad Mohangee nous dit que sa satisfaction est grande quand un de ses élèves réussit à ses examens et quand les parents viennent le remercier pour son travail. « Éna parent rode touche mo li pied, mais mo empêche zotte, mo dire zotte mo fine faire mo dévoir et mo dire zotte alle rémercie bondié », affirme-t-il. Il ajoute qu’il va continuer à donner des leçons jusqu’à ce qu’il n’a plus de motivation. « Mo content l’enseignement et mo content aide zenfants ki péna les moyens et ki intelligent, » conclut-il.

Son parcours

Le parcours d’Ahmad Mohangee n’a pas été un fleuve tranquille. Son histoire atteste que dans la vie il y a des lendemains meilleurs.

Orphelin de père à l’âge de 5 ans, il a galéré pour se faire une place au soleil. Sa mère étant très pauvre le jeune Ahmad se battait contre les aléas de la vie pour survivre. Sa mère élevait des animaux et n’avait pas assez d’argent pour envoyer son fils à l’école car à cette époque-la scolarité était payante. À l’âge de 15 ans, il met fin à sa scolarité pour aller travailler dans un champ de légumes pendant une année. Avec l’argent économisé, l’année suivante il reprend le chemin de l’école pour payer les frais de scolarité et ceux d’examens du School Certificate. Ahmad n’a jamais pris de leçon particulière et au collège Eden de Rose Hill, il a côtoyé des enseignants comme Dev Virahsawmy, Jaynarain Meetoo et James Burty David qui l’ont beaucoup inspiré. Dans sa tête il voulait tout le temps être professeur d’anglais et il était attiré par l’enseignement. Après les résultats du SC, il retourne travailler dans les champs encore une année et fait des petits boulots pour mettre de l’argent de côté pour payer les frais de transport et les frais d’examens du HSC pour la première année. En deuxième année, sa maman vend une vache à Rs1600 et lui donne l’argent pour payer les frais d’examen. Ahmad Mohangee décroche un poste comme commis dans le secteur public et après une année, il prend un congé sans solde pour se rendre en France pour décrocher un diplôme en science à l’université de Paris 7.

Quand il retourne à Maurice, il reprend son poste et se voit propulsé à un meilleur poste. Ahmad est bien rémunéré et a droit à une voiture hors taxe. Ayant tout le temps eu un amour sans bornes pour la langue de Shakespeare, il décide de démissionner de la fonction publique pour se consacrer à l’enseignement privé car dans le secteur public il n’avait pas de «Job satisfaction» . Il donne des leçons d’anglais et petit à petit il gagne en notoriété. Pour Ahmad Mohangee ,travailler avec les élèves lui procure une grande satisfaction. Il ne choisit pas que les meilleures éléments et donne la chance à tout le monde. Ses élèves viennent du sud au nord et sont des éléments des collèges suivants : Royal de Port Louis, Royal de Curepipe, St Esprit, Lorette de Quatre Bornes, Queen Elizabeth, Maurice Curé, Droopnath Ramphul ainsi que des SSS et des collèges privés.

Ahmad Mohangee nous dit que depuis qu’il se consacre aux leçons privées, il connaît le plaisir d’avoir plusieurs lauréats chaque année. Ahmad se considère plus qu’un guide qu’un professeur. «Mo donne leçons tous les jours et mo calcule lors le temps pou aide ène élève». Pour lui c’est le résultat qui est important.

Il est un homme très heureux auprès de son épouse Farryale, attachée au PMO, qui lui a donné deux enfants. Irfaan, son fils, étudie la médecine en Afrique du Sud et Samiah, sa fille, poursuit des études pour devenir ingénieure en électronique à l’université de Maurice.

Il remercie le Créateur pour Ses bienfaits et à une pensée spéciale pour sa mère qui a fait d’énormes sacrifices pour qu’il soit heureux.

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