Thursday , 28 March 2024
Afzal Goodur

Afzal Goodur en colère : la pension d’invalidité de sa fille supprimée par la Sécu

Afzal Goodur, connu pour ses prévisions météorologiques sur Facebook, est un homme en colère. Non pas contre  les remarques désobligeantes de certains facebookers sur ses prévisions de la météo, mais contre le ‘Medical Board’ de la sécurité sociale qui a supprimé la pension d’invalidité de sa fille, Benazir Jootun, qui souffre de cancer.

Benazir Jootun, 25 ans, avait subi une ablation du sein en 2015.  Depuis cette opération, elle souffre énormément et ne  peut esquisser le moindre mouvement avec ses bras. Son médecin personnel a certifié qu’elle n’est pas apte à travailler et doit avoir droit à une pension d’invalidité. Selon Afzal Goodur, durant deux ans, sa fille a  touché sa pension chaque mois. Mais depuis le mois d’août 2017, la pension a été supprimée sans aucune raison. Elle avait fait appel contre cette décision et le 17 décembre 2017, elle avait été convoquée devant un ‘board médical’ de la sécurité sociale. « Docteur dire li lève so la main. Zotte pas même guette so figure  ni so papier médical zotte dire li ki li bien et li capave travaille », laisse entendre notre interlocuteur.

Rentrée chez elle, Benazir a mis son père au courant de la façon dont elle avait été traitée par les médecins du ‘board’.  Afzal Goodur ne comprend pas comment le conseil médical peut avoir un avis différent de celui du médecin traitant de sa fille.  «So docteur fine dire ki li invalide et li pas capave travaille. Board ti bizin appelle docteur là », lance Afzal.

Afzal Goodur souhaite une attitude moins rude à sa fille dont l’époux travaille à temps partiel comme receveur d’autobus. Benazir, qui est mère de trois enfants, détient un certificat de HSC, mais est contrainte de rester à la maison car elle souffre énormément et doit se rendre très souvent à l’hôpital.

« Kisane-là pou donne li travail pou li prend permission chaque semaine pou alle l’hôpital », nous dit son père.  Elle comptait sur sa pension d’invalidité pour acheter les fournitures scolaires pour ses enfants, mais sa suppression a plombé le budget familial  « Uniforme pas fine acheter, ni cahier, ni livre », souligne-t-il.

Afzal Goodur ajoute que son épouse, la mère de Benazir, est morte de cancer en 2005. « Mo guette mo banne zenfants parski mo madame fine mort et mo obliger aide Benazir pou li acheter so médicament et guette so banne zenfants également», soupire-t-il  Afzal Goodur malgré sa notoriété comme Monsieur Météo n’a pas la grosse tête et garde les pieds sur terre. «Mo ranne la population service, mo fini mette zotte en garde contre danger, voilà en retour couma l’autorité traite mo zenfant», laisse-t-il entendre, un brin désabusé.   Il ne compte pas rester les bras croisés et entamera des démarches auprès du ministère de la sécurité sociale pour que la pension de sa fille soit rétablie.

Nous avons essayé d’avoir la version du ministère de la Sécurité sociale mais en vain.

Benazir Jootun : « J’ai besoin de cet argent pour nourrir ma famille »

Benazir Jootun, fille aînée d’Afzal Goodur, est grandement affectée par la décision du ‘conseil médical’ de la Sécu de supprimer sa pension d’invalidité.  C’est en 2015, alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant, qu’elle découvre, en prenant son bain, une grosseur sous son aisselle droite. Tout de suite elle pense à sa mère qui est morte de cancer en 2005 et qui avait aussi une grosseur sous son bras droit. Benazir pleure en silence et ne dit rien à personne. Elle se rend à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo pour des tests et le médecin procède à une biopsie. Le résultat est positif. Elle était seule à l’hôpital et n’avait personne pour partager sa peine. «Kan dimoune fine trouve moi ploré ,zotte fine console moi », se rappelle-t-elle.

Le 26 avril 2016, Benazir a subi l’ablation du sein droit à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Elle est restée aux soins intensifs car son cas était assez sérieux. Pour la suite, Benazir à subi plusieurs sessions de chimiothérapie jusqu’à son accouchement par césarienne. Depuis son opération, elle ne peut faire aucun effort ni même soulever ses enfants en bas âge. Son médecin traitant  lui a déconseillé de faire des efforts et lui a fait parvenir un certificat médical pour qu’elle puisse avoir droit à une pension. Depuis 2016, elle a droit à une pension de Rs 9,600. Mais à la fin du mois de novembre 2016, sa pension a été  supprimée et ce n’est qu’au mois de mars 2017 que la pension a été rétablie.

Au mois de novembre 2017, Benazir attend avec impatience le paiement de sa pension pour qu’elle puisse acheter les fournitures scolaires, les uniformes et les chaussures pour ses enfants. Au mois de décembre 2017, elle est convoquée pour comparaître devant le board. « Ti dans l’après-midi. Zotte pas fine guette cetificat médical ki mo docteur fine donne moi et ki certifié ki mo pas capave faire zeffort», lâche-t-elle.

Benazir raconte qu’un des médecins lui ont demandé d’enlever le bonnet qu’elle portait sur sa tête. «Docteur la dire moi ki mo cheveu fine pousser et ki mo pas malade», ajoute-t-elle.

Dépitée, elle retourne à la maison en larmes et se demande comment elle fera pour aider son époux qui ne gagne pas beaucoup d’argent. « Pou mo bolomme gagne travail fodé ki éne travailleur absent. So la paye pas suffit pou nous vive, mo bizin prend prêter avec mo papa pou roule mo la cuisine», dit-elle encore.

Benazir est très remontée contre les médecins car elle considère injuste la décision du board. « Mo conné éna dimoune ki chaque fois alle lors board so pension rénouveler et li pli bien ki moi», lance-t-elle. Elle se souvient que sa maman était au dernier stade de sa maladie et la Sécurité sociale avait supprimé sa pension. « Zotte ti dire mo papa amène li pou zotte guetter si vrai même li malade », poursuit-elle, dégoûtée.  Benazir explique qu’elle ne va pas s’avouer vaincue et avec le soutien de son père, elle va se battre pour que sa pension soit rétablie.

Commentaires

A propos de Rahim Murtuza

Ceci peut vous intéresser

Ruisseau du Pouce : un sursis aux souffrances des marchands ambulants

Les marchands ambulants du Ruisseau du Pouce, au nombre d’une cinquantaine et opérant depuis une …