Thursday , 28 March 2024
Navin Ramgoolam

Affaire Roches-Noires : la onzième accusation contre Navin Ramgoolam rayée

L’accusation d’entente délictueuse qui pesait sur Navin Ramgoolam et deux anciens hauts gradés de la police, Dev Jokhoo et Rampersad Sooroojebally, a été rayée en cour intermédiaire ce vendredi 13 septembre.

Les magistrats Raj Seebaluck et Bibi Razia Janoo- Jaunbocuss siégeant en cour intermédiaire ont statué que la poursuite n’a pu soutenir l’accusation. Du coup, l’acte d’accusation d’entente délictueuse sur l’ex-chef du gouvernement et les deux ex-hauts gradés de la police a été rayé. Les magistrats se sont ainsi prononcés en faveur de la défense qui avait formulé une motion de « no case to answer ». Ils ont conclu qu’il y a bien eu un vol au campement de Navin Ramgoolam situé à Roches Noires dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011. Vol qui n’était pas imaginaire, comme le soutenait l’acte d’accusation.

Navin Ramgoolam, Dev Jokhoo et Rampersad Sooroojebally étaient accusés d’avoir agi de concert avec Rakesh Gooljaury pour que celui-ci consigne une fausse déclaration à la police. Cela, après le vol perpétré au bungalow de l’ancien Premier ministre. Ils avaient plaidé non coupables. Le leader du Parti Travailliste répond désormais d’un seul procès au pénal, il s’agit de l’affaire des coffres forts.


Bashir Khodabux : « Un élan de solidarité envers Ramgoolam »

Bashir KhodabuxBashir Khodabux se dit nullement étonné du dénouement dans l’affaire Roches-Noires. Il indique qu’il était convaincu que l’ancien Premier ministre allait s’en sortir, comme dans les 10 précédents cas. « Rakesh Gooljaury avait changé de posture pour incriminer Navin Ramgoolam. Ce qui laissait penser à une vendetta politique et devant une cour de justice, qui tient compte des preuves et des témoignages crédibles, cela ne tient pas », indique Bashir Khodabux. Selon lui, Navin Ramgoolam n’avait d’autre choix que de se soumettre à la justice. « Une justice qui, jusqu’à preuve du contraire, a toujours très bien fonctionné », souligne-t-il.

Selon Bashir Khodabux, l’ancien Premier ministre bénéficie d’un élan de sympathie depuis qu’il avait été arrêté en 2015 alors qu’il se trouvait à son bureau à la rue Desforges. « Et lorsque les charges ont été rayées l’une après l’autre, cela n’a fait que conforter l’idée de certains à l’effet que Navin Ramgoolam faisait l’objet d’une vengeance politique. Du coup, il y a aujourd’hui un élan de solidarité non seulement de la part des partisans du PTr mais aussi parmi les indécis qui ne sont partisans d’aucun parti. Sans compter que cela amènera la population, de manière générale, à réfléchir et tirer sa propre conclusion », ajoute-t-il. Ce qui pourrait, selon lui, constituer un catalyseur lors des prochaines élections, propulsant le PTr au pouvoir.

Si Bashir Khodabux parle d’encouragement et d’élan de solidarité dans le camp des rouges, il avance que dans le camp adverse, c’est le découragement et la désillusion. « Ceux qui ont trahi le parti pour se joindre à l’adversaire, je crains que l’avenir pour eux ne soit sombre », soutient-il.

Par ailleurs, Bashir Khodabux ne manque pas de déplorer la réaction du Premier ministre sur le jugement dans l’affaire Roches-Noires. « Le Premier ministre se comporte comme un enfant qui a perdu à un jeu de billes. Ce qui n’est pas digne d’un Premier ministre d’un pays civilisé. En tant que PM, il doit faire preuve de sagesse et respecter un jugement de la cour  », dit-il.


Avinaash Munohur : «Pas suffisant pour convaincre tout le monde»

Avinaash MunohurAvinaash Munohur, politologue, parle de soulagement dans le camp du Parti Travailliste après le jugement dans l’affaire Roches-Noires. Il est cependant d’avis que cela ne suffira pas pour faire oublier le personnage sulfureux de Navin Ramgoolam

Pour le politologue, le Parti Travailliste, en particulier Navin Ramgoolam, sortent totalement revigorés de ce dénouement. « Il suffit de voir les différentes réactions pour constater que ce jugement a provoqué une secousse au sein de la classe politique. Clairement, Navin Ramgoolam va dans les prochaines élections en étant plus fort. Renforcé par le fait que sur 11 cas sur 12 cas, un non lieu a été prononcé mais aussi parce que beaucoup de rhétorique a tourné autour de cela. Il démontre ainsi que cas après cas, c’est une vendetta politique qui avait été orchestrée contre lui », souligne Avinaash Munohur même s’il concède qu’il reste toujours le cas des coffres forts.

Toutefois, même s’il est d’avis que ce dénouement vient conforter la base du Parti Travailliste, cela ne suffira pas pour convaincre tous les indécis. « Je ne pense pas que cela suffira pour convaincre tout le monde. Car pour reprendre les propos de Paul Bérenger, même si Pravind Jugnauth a été acquitté dans l’affaire Medpoint, l’affaire Medpoint reste l’affaire Medpoint. Certes il y a eu des non lieu dans plusieurs cas pour Navin Ramgoolam, mais le personnage reste sulfureux, associé à une certaine idée de mauvaise gouvernance, de mauvaise gestion de l’Etat et d’actes pas trop claires », dit-il. Pour espérer avoir plus de poids aux prochaines élections, Navin Ramgoolam, selon le politologue, devra venir avec un programme de renouveau et appliquer ce programme.

De l’autre côté, il est d’avis qu’avec ce dénouement, la stratégie du MSM a pris du plomb dans l’aile. « La stratégie du MSM est relativement simple selon moi. En sus du renouvellement interne du parti – SAJ passant le flambeau à Pravind Jugnauth – et d’une stratégie de ‘coupe ruban’ tel que rapportée par les médias, la stratégie du MSM repose sur une attaque frontale contre Navin Ramgoolam et non le Parti Travailliste. Car la cartographie locale veut que si Navin Ramgoolam tombe politiquement, Pravind Jugnauth est sur de prendre le Prime ministership car il n’y a pas d’autre alternative », avance Avinaash Munohur.


Ruling dans l’affaire Roches-Noires : Navin Ramgoolam a le vent en poupe

Depuis vendredi, le vent souffle dans la voile rouge avec le « Ruling » de la Cour intermédiaire en faveur de son leader, Navin Ramgoolam. Un « No case to answer » a été établi par les magistrats Raj Seebaluck et Bibi Razia Jannoo-Jaunbocus dans l’affaire Roches Noires. Plus précisément le vol perpétré dans le campement du leader du PTr dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011, alors qu’il était Premier ministre. Reste à savoir si Navin Ramgoolam parviendra à mener la barque rouge à bon port lors des prochaines élections générales.

Une chose est quasi-sûre. Ce ruling va requinquer Navin Ramgoolam, épuisé sous le poids de 12 chefs d’accusation et, par ricochet le PTr, surtout si dans les 21 prochains jours le Directeur des Poursuites publiques (DPP) ne fait pas appel. Les rouges vont se rallier auprès de leur leader pour se mettre à la reconquête du pouvoir. Les sceptiques rouges qui avaient une préférence pour un autre leader à sa place en raison de ses « casseroles » vont sûrement rentrer dans les rangs. Comme quoi, le terrain serait propice pour les rouges pour semer les graines de la « politique de rupture. »

À coup sûr, Navin Ramgoolam a vaincu la superstition qui veut que le vendredi 13 porte malheur. A contrario, il paraît que le malheur pourrait frapper le MSM et également le PMSD. Le leader du PTr va mener campagne sans relâche sur la « vendetta politique » du MSM et de « la famille Jugnauth » contre lui après leur accession au pouvoir en décembre 2014. Reste à savoir si « le rôle de victime » lui sied assez pour convaincre la masse silencieuse de le soutenir aux prochaines élections. Sans l’ombre d’un doute, avec cette 11e accusation rayée sur 12 contre Navin Ramgoolam, le MSM va devoir convaincre l’électorat qu’il n’y a pas eu de complot contre le leader du PTr. La tâche devient plus difficile pour le MSM dans la mesure où elle devra neutraliser la « montée des rouges. » Tout indique que le MSM va placer des récifs sur le parcours de la barque rouge. Déjà, réagissant à ce ruling, le Premier ministre, Pravind Jugnauth a été très cynique en déclarant : « enn bandit pou reste enn bandit. » C’est tout dire de la campagne que mènera l’alliance MSM-ML contre Navin Ramgoolam sur le thème de bandit.

Du côté du PMSD, on craint que cette triomphe rouge rende la mer des négociations d’alliance démontée. Car Navin Ramgoolam pourrait faire grossir les vagues pour contraindre le parti de Xavier-Luc Duval d’accepter le nombre de tickets qu’il désire accorder. Avant même ce Ruling favorable, Navin Ramgoolam raidit la corde en déclarant mercredi qu’actuellement « le PTr est le seul parti qui peut remporter la victoire que ce soit dans les circonscriptions urbaines comme rurales. » Au sujet des négociations d’alliance avec le PMSD, il a surpris plus d’un : « On a mentionné le nombre de tickets et même les noms des candidats, ce ne sont que des spéculations. C’est mal connaître le PTr. C’est le jour que vous avez reçu votre ticket que vous pouvez dire que vous êtes candidat. Même le jour du dépôt de candidature, il peut y avoir des changements. On a eu des cas dans le passé. »

S’il est pragmatique, Navin Ramgoolam ne montera pas sur ses grands chevaux durant les 21 jours précédant ce Ruling. La possibilité que le DPP fasse appel est comme une épée de Damoclès suspendue sur sa tête.

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